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28 octobre 2011

So much respect.

"La seule manière de changer les choses, du mal vers le bien, était pour nous, femmes et mères de ces enfants, de se lever et d'aller dans la bonne direction"
A propos des enfants soldats.



J'ai toujours pensé que les femmes étaient les êtres les plus forts que la terre ait pu porter. Et j'ai toujours pensé qu'en Afrique, le traitement qu'elle subissent sous le poids de certaines cultures trouve son fondement dans la peur de les laisser s'épanouir, dans la supposition qu'elle brillent plus que ceux qui font pression sur elles, malgré tout. Plus le temps passe plus j'en suis convaincue. Concernant l'Afrique, je rêve encore peut être trop naïvement à une émancipation de la femme qui dépasserait les limites du discours politique des veilles de scrutin. Je rêve encore d'une abolition de certains rites, d'un bond dans le futur, de la fin de l'excision, de illettrisme, de l'exploitation et du mariage forcé de millions de futures femmes qui auraient tant à apporter à la construction de l'Afrique dont on rêve, dont je rêve. Je rêve de ces choses avec la pleine conscience de la responsabilité que prennent de plus en plus de femmes à réaliser ces avancées, à démontrer leur force, à exprimer leur détermination. Des femmes qui ont compris qu'elles étaient loin d'être le sexe faible, des femmes qui entreprennent de se refuser à ceux qui nourrissent et font la guerre, à l'image de Leymah Gbowee. Des femmes qui prennent leurs responsabilités vis à vis des enfants qu'elles engendrent, pour qu'ils ne soient pas érigés en instruments de guerre. Des femmes qui savent que l'éducation et l'information sont les seuls moyens de sortir de l'engrenage du sous développement qui mêlé aux vestiges de certaines cultures, condamnent presque l'avenir de tout un continent. Pour ces femmes, mon respect et mon admiration n'ont aucune limite. 


En parlant de culture, on ne demande pas à qui que ce soit de renier son identité, mais clairement, d'essayer d'adapter certaines des trop nombreuses croyances auxquelles on a jamais pu vraiment fournir d'explications, à l'époque dans laquelle on vit. Aujourd'hui il est inadmissible avec les moyens d'informations dont on dispose, de faire impunément exciser une jeune fille au nom de rien. Et il est encore moins soutenable qu'une femme, mère, ayant subi elle même ce genre de traitements et ayant du vivre avec, mesurant donc la hauteur du handicap qui résulte de ce genre de pratiques, emmène elle même sa fille à la torture à son tour. On peut justifier ça par le manque d'empathie, moi je crois que c'est la peur, le manque d'informations, le manque de perspective. Ça c'était pour les régions les plus rurales, mais les capitales ne sont pas en reste quand on se tourne vers le phénomène des filles mère. C'est triste de voir qu'en 2011, le manque de communication sur les moyens de contraception, le manque d'accessibilité de ceux ci dans des pays où le vin coûte moins d'un euro et où le taux de séropositivité est incroyablement élevé emmènent des milliers de filles à arrêter leurs études pour assumer une grossesse non désirée. Ça me dégoûte de voir qu'à l'heure actuelle, tu vas acheter un préservatif dans une grande surface au bled et la caissière te regarde comme si tu allais commettre un crime. Aujourd'hui, dans beaucoup de pays, quand on voit la liste de sujets tabous dans les familles, on ne peut qu'être déçu par le constat. Une jeune fille n'osera pas dire à sa mère qu'elle est enceinte jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus le cacher, ou ira se faire avorter dans des conditions d'hygiène dignes d'un film d'horreur. Cette même fille se retrouvera infectée des pires maladies parce que les ministères qui devraient s'en occuper si ils existent, font tellement bien leur travail que la communication autour des moyens de contraception / protection, est inexistante. Cette même fille accouchera à même le sol  de ce que dans ces pays, les gouvernements osent encore nommer "hôpital", faute de personnel qualifié, faute de soins, faute d'infrastructures dignes de ce nom, et ça ne touchera personne, puisque dans l'esprit des gens, "elle l'a bien cherché". Cette fille arrêtera ses études pour s'occuper de son enfant, et finira comme toutes les autres dans ce cas, sans diplôme et donc sans avenir professionnel (mane financière et apport économique automatiquement absents, bêtement j'dirais). Et cette fille n'en sera qu'une de plus, une de celles qui agrandissent chaque années la communauté de gens vivant dans les bidonvilles du monde entier.  D'autre part, en supposant bien entendu que le niveau de sa formation soit digne de ce qu'on pourrait attendre d'un pays, une jeune fille qui au lieu de se retrouver en rupture scolaire poursuit un cursus normal, est plus à même de prendre une distance intellectuelle suffisante vis à vis de son pays et de ses modes de fonctionnement, assez en tous cas je le crois, pour éviter de reproduire certaines habitudes sociales et ainsi briser un engrenage que beaucoup prennent. (Je précise à ce stade de l'article que je ne parle qu'en fonction de ce que moi je pense, de ce en quoi moi je crois). 


Une femme instruite, a déjà plus de chances d'assimiler que non, le sexe n'est pas un crime, et qu'on peut tout à fait en jouir sans prendre de risques parce que des solutions existent. Solutions qui si elles étaient mises un peu plus en avant par certains gouvernements, permettraient de faire sauter beaucoup d'obstacles non nécessaires à la construction d'énormément de choses. Une femme instruite est déjà plus à même de réaliser les pertes humaines, intellectuelles et économiques qu'engendrent les mariages forcés. Une femme instruite peut déjà moins se permettre de croire ce qu'on lui dit parce qu'on le lui a dit, puisqu'elle peut le vérifier, le lire par elle même, et donc être libre de sa pensée, qu'elle puisse affirmer cette pensée par des choix / des actions, en fonction du pays dont elle est originaire ou pas. Une femme instruite, ayant accédé à cette liberté, peut se lever et décider, puisque naturellement forte, d'élever la voix quand de sa seule action peut résulter un réel changement. Au potentiel de ces femmes qui ont eu la chance d'accéder à l'instruction, à la liberté, il n'y a aucune limite, et c'est à l'une d'entre elle que je souhaiterais particulièrement rendre hommage. ..


Ellen Johnson Sirleaf. Une femme que je met à un niveau dans mon estime que vous pouvez difficilement imaginer. Sans même avoir besoin de parler de sa carrière politique extraordinaire (elle est la première femme élue à la présidence d'un pays Africain, le Liberia depuis le 23 novembre 2005), elle représente tout ce que j'aspire à devenir dans mes rêves les moins probables. Son engagement, les combats qu'elle a pu mener en faveur des femmes, son parcours l'ont mené aujourd'hui à remporter le prix nobel de la paix, aux côtés de Leymah Gbowee et de Tawakkul Karman. Leur est communément reconnue, cette force dans la lutte pour la sécurité et le droit des femmes à participer pleinement à la construction de leurs pays, à leur développement, et ce, dans une dynamique non violente. A ces femmes, au delà du respect, je pense qu'un "merci" s'impose naturellement.

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